Les soins d’hygiène du patient dépendant entrainent de multiples contacts entre le patient, le soignant et l’environnement : que ce soit lors de simple taches d’accompagnement du patient (aux toilettes ou sur la chaise percée) ou pour l’entretien ou le nettoyage des supports de l’environnement (toilettes, draps…). Plus précisément, les actes majeurs d’hygiène du patient dépendant concernent la gestion des excreta, la toilette corporelle et la literie.

Ces actes réalisés sur des personnes fragiles et souvent immuno-déprimées peuvent facilement être à l’origine de diverses contaminations, potentiellement dangereuses pour le patient.

Les infections associées aux soins, qu’est-ce que c’est ?

Une infection est dite associée aux soins si elle survient au début ou à la fin de la prise en charge d’un patient (diagnostique, thérapeutique, palliative, préventive, éducative, opératoire) par un professionnel de santé que ce soit en établissement de santé, médicosocial ou à domicile.

Ces infections peuvent être directement liées aux soins (au cours d’un acte invasif, par exemple) ou survenir lors de l’hospitalisation, indépendamment de tout geste médical (en raison d’un épisode épidémique, entre autre). Lorsque l’état infectieux du patient à l’admission est inconnu, l’infection est classiquement considérée comme nosocomiale si elle apparaît après un délai de 48 heures d’hospitalisation.1

D’où proviennent les IAS ?

Les IAS ont des origines multiples. On distingue plusieurs types d’infections qui relèvent de transmissions différentes :

  • Des infections d’origine « endogène » pour 40 – 60%2 des cas : le patient s’infecte avec ses propres germes à cause d’un acte invasif et/ou en raison d’une fragilité particulière.
  • Des infections d’origine « exogène » : des infections croisées pour 20 – 40%2 des cas, transmises d’un patient à l’autre, et/ou transmises par le personnel et/ou des infections liées à la contamination de l’environnement dans lequel se trouve le malade pour 20% des cas.

Ces infections peuvent être provoquées par plusieurs sortes de microbes :

  • 31,2% sont des bactéries multi résistantes (BMR)
  • 25% des bactéries hautement résistantes émergentes (BHRe)
  • 15,3% des Clostridium difficile4.

 

La résistance de ces bactéries aux antibiotiques est d’ailleurs devenue un enjeu majeur de santé publique puisqu’elle serait responsable de 700 000 morts par an5.

Les infections nosocomiales varie selon quatre critères principaux6 :

  • Le type d’établissement
  • Le type de séjour
  • La durée de séjour
  • Le profil du patient

 

Les patients fragiles sont les plus touchés, comme les patients très âgés ou très jeunes, immunodéprimés, exposés à des dispositifs invasifs ou opérés. De plus, le manque de mobilité chez le patient dépendant peut entraîner des risques liés au décubitus, notamment les escarres7 ainsi que de l’incontinence par restriction de mobilité8.

Engendrant d’importants impacts sociaux, économiques et individuels, la gestion des IAS constitue aujourd’hui, une priorité.

Les IAS, quelles sources de propagation ?

Pour pouvoir réduire et maitriser ces IAS, il est clé de remonter à leurs origines.

Et ce sont les excreta (ie. Selles, urines, vomissements) qui sont reconnus comme étant la source majeure de propagation des infections associées aux soins sur les patients dépendants et/ou alités. Afin de contrôler ce risque infectieux, il est indispensable d’optimiser la gestion des excreta aussi bien dans les établissements de santé, dans les Ehpad qu’à domicile.

Sources :

[1] Santé.gouv : https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/qualite-des-soins-et-pratiques/securite/infections-associees-aux-soins-ias/article/les-infections-nosocomiales-318585

[2] Widmer et al. Antimicrob Resist Infect Control (2021) 10:120 https://doi.org/10.1186/s13756-021-00956-1

[3] WHO, Health care-associated infections FACT SHEET

[4]  Sylvie Maugat et all., « Bilan 2001-2017 des signalements externes d’infections nosocomiales. Part des signalements impliquant une bactérie multi résistante, hautement résistante-émergente ou un clostridium difficile », article soumis le 30.11.2017

[5] https://www.pasteur-lille.fr/actualites/dossier-du-mois/les-medicaments/les-medicamentscontrer-resistance-antibiotiques-defi-scientifique/

[6] Infections nosocomiales : ces microbes qu’on  « attrape » à l’hôpital INSERM, URL au 04.02.2021 : https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/infections-nosocomiales.

[7] Syndrome d’immobilisation Corpus de Gériatrie – Janvier 2000

[8] Prévenir la dépendance iatrogène liée à l’hospitalisation chez les personnes âgées – HAS : Haute Autorité de santé, France 2 CNPG : Collège national professionnel de gériatrie, France.